J'avoue ici que ta questionne m'embête, car je n'ai jamais pensé que la foi pourrait causer un problème semblable. Pour te répondre, je dois me référer aux premiers siècles du christianisme, à l'époque pendant laquelle la foi chrétienne était interdite par l'empereur. Nous ne vivons pas dans l'interdiction légale, mais il faut avouer - et t'en es un exemple patent - que l'interdiction sociale qui pèse sur nous actuellement a plus de poids qu'un interdit légal, voilà pourquoi je me rapporte à une époque clairement identifiée. Voilà ce qui arrivait en ces temps: les gens devaient se cacher pour vivre la célébration eucharistique, de peur de représailles. Si certains se faisaient prendre, ils continuaient de témoigner de la foi en Jésus. Certains ont subi le martyr pour cela. C'est alors que s'est développé la théologie du martyr, celle où l'honneur suprême était d'être jeté aux lions ou au feu au nom de Jésus-Christ. C'était l'époque de la gloire tirée de l'imitation intégrale du Christ dans le sacrifice de sa vie en faveur d'un témoignage plus fort que tout. D'ailleurs, le terme "martyr" est un mot grec qui signifie simplement "témoin". Témoigner se dit en grec "martyréin", je témoigne: "martyréô".

Bien entendu, il n'est plus question aujourd'hui de souhaiter une mort douloureuse ou pénible au nom de la foi, mais il y a beaucoup à apprendre de cela. Pour arriver à savoir que faire, quand témoigner publiquement de notre foi, il convient de se poser la question "Jusqu'où pourrai-je aller dans mon témoignage?" Je me permets ici de reprendre ta situation. Si tu n'es pas encore prêt à sacrifier ton image de non-croyant, tu es encore mieux de développer ta relation à Jésus. Comme je t'écrivais antérieurement, il viendra un jour où tu voudras t'afficher. C'est comme fréquenter une fille. Les premières fois, on ne veut pas trop que nos parents et amis le sachent, c'est notre petite relation secrète. Il vient un temps où nous la voyons si souvent et où sa présence fait tant de bien que nous sentons le désir de dire ouvertement que nous la fréquentons. Parfois, on voit ce premier témoignage public dans le fait de marcher main dans la main ou de se permettre de lui baiser subrepticement la joue au grand jour. Avec Jésus, c'est la même chose. Selon ce que tu me dis, tu le fréquentes actuellement en cachette. Un jour tu voudras lui faire un clin d'oeil en public, puis tu lui prendras ouvertement la main. Peut-être ne sera-ce pas ta femme ou tes enfants qui te verront les premier passer cette étape, peut-être que oui. Nous verrons cela avec le temps.