Mon ordination, une affaire de famille
Pendant ces cinq années qu'a duré ma formation, et ce soir-là, le 30 octobre en l'église de Sainte-Thérèse, encore plus que jamais, Yolande, les enfants et les petits-enfants étaient là. L'accueil chaleureux à l'entrée de l'élise n'était qu'un avant-goût de ce qui allait se passer. Après une entrée en grande pompe, bien installés en avant, on aurait cru qu'ils ne voulaient rien manquer. C'est vrai qu'eux aussi prenaient vraiment part à la célébration à nos côtés.

Dès le début, Yolande, involontairement, échappa un "Me voici" qui en disait long sur sa participation et le fait qu'elle se sentait profondément concernée, tandis que nos enfants et petits-enfants, à tour de rôle, signifiaient leur présence active, tantôt par une lecture, tantôt en apportant les offrandes à l'autel. On dévorait sereinement du regard le déroulement de l'ordination jusqu'aux "Voici votre nouveau diacre" et "Magnificat" qui vinrent faire crouler les dernières résistances en laissant échapper quelques larmes.

Il y avait nos deux familles, Gauthier et Deschênes, qui en avaient "plein la vue" comme on dit parfois. Étaient là aussi des paroissiens, des amis, compagnons et compagnes de travail dont les témoignages me touchèrent beaucoup. Il y avait aussi le clergé, très bien représenté, ainsi que la famille diaconale toujours si présente et supportante.

Et il y avait moi que l'ordination avait mis au centre de tout ce rassemblement. Depuis cinq ans, parti d'un appel humain, je m'étais mis en route pour vérifier et discerner jusqu'à quel point Dieu y était pour quelque chose. Avec un peu de recul, je peux dire que cet appel divin n'a pas toujours été évident pour moi mais par la prière, le soutien magnifique de l'équipe de formation et bien d'autres interventions, c'est devenu très clair pour moi que cet appel venait de Dieu. Je n'avais donc plus de choix autre que celui de répondre par la positive et de façon éclairée.

Mis à part les temps forts de la célébration et le climat de fraternité installé par M^gr Blais, j'ai été frappé par les liens évidents entre le sacré et l'ordinaire, entre le diaconat et la vie de tous les jours. Plusieurs témoignages en ce sens sont venus appuyer cette bienheureuse sensation où le divin et l'humain se côtoient. Des prêtres présents dans le choeur m'ont dit tout le bonheur qu'ils ont eu de voir la famille ainsi qu'un si grand nombre de diacres et leur épouse prendre part aussi activement à une cérémonie qui se veut habituellement centrée surtout sur l'ordonné et Dieu qui l'a appelé.

Je suis maintenant dans la suite à mon ordination. J'avoue me chercher un peu. D'abord, intégrer graduellement la peau du diacre tout en restant le même. Outre le côté liturgique qui s'apprend avec le temps et la pratique, ainsi que la prière qui se continue de façon de plus en plus assidue, il me reste la partie charité. Bien sûr je poursuis mes engagements familiaux et paroissiaux ainsi que mon travail à demi temps, mais il y a ma Lettre de mission qui prend une partie de ma réflexion. Déjà engagé en bonne partie dans les attentes de mon Église diocésaine, je cherche à réaliser la dernière partie qui consiste à mettre sur pied et à animer des groupes d'entraide afin d'aider les gens qui vivent des situations particulières à cheminer chrétiennement à l'intérieur d'un détour de la vie non désiré.

Rémy Ganthier, diacre

Pastorale Québec, février 2000